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Blocus

Depuis le début de l'année scolaire, on peut voir des manifestations, des blocus, des grèves éclater un peu partout en France. Les motifs de ces protestations semblent divers : certains luttent pour le climat, d'autres contre la réforme des retraites ou encore contre les réformes du programme scolaire des séries générales et du baccalauréat.

Le jeudi 19 Décembre 2019, un blocus a été mis en place devant notre Lycée Charles le Chauve, après une tentative la veille qui n'a pas eu de succès. Ce jour là, dès 7h30 du matin, des élèves ont tenté de bloquer l'entrée du lycée et une heure plus tard, une centaine de jeunes ont occupé l'arrêt de bus proche du portail principal, à l'extérieur de l'établissement scolaire, et les alentours. Pour organiser le blocus, des adolescents ont saisis des barrières de chantiers prises sur le parking de la pharmacie d'à côté et ont rapidement commencé à brûler des conteneurs poubelles. Un extincteur a aussi été jeté dans les flammes, entraînant une explosion qui a causé un blessé, un jeune homme qui observait la scène. Ayant reçu un morceau de l'extincteur dans une jambe, le garçon, qui subit une double fracture du tibia-péroné, fut transporté aux urgences. Le blocus cessa quelques dizaines de minutes après.

Les événements de ce jour pourraient être qualifiés d'assez décevantes : il y eu un blessé, les profs ne se sont, contrairement à la veille, pas joints à la cause – par choix ou peut être à cause du fait que des poubelles ont été incendiés – , des dégradations et des vols ont été commis, la manifestation ne dura pas plus d'une heure et demi.

Lorsque nous lisons la presse et les actualités à propos des nombreux blocus lycéens, ce qui revient souvent, ce sont les dégradations et les feux de poubelles orchestrés par les adolescents. Si nous nous souvenons bien, lors des manifestations des Gilets Jaunes, dans les journaux et à la télévision, les images qui défilaient sur ce mouvement n'étaient, pour la plupart que des images à propos d'actes de violences et de destruction, afin de discréditer le mouvement le plus possible. Cela semble être ce qu'il se passe actuellement avec les blocus. Est ce que les lycéens ne sauteraient pas à pied joints dans un piège médiatique qui discrédite leurs revendications en les faisant passer pour des sauvages ? Ou bien se servent t-ils justement de cette portée médiatique pour avoir de la visibilité et faire passer leurs messages ?

Le problème est que certes, les lycéens et/ou les professeurs sont vus et remarqués, mais ils ne sont peut être pas compris. Certains élèves semblaient fiers que leur lycée apparaisse dans le journal Le Parisien à cause de cette événement, mais pourquoi au final ? Pour parler du fait que lors de ce blocus, un élève fut transporté aux urgences, ce qui n'est en fin de compte pas très glorieux. De plus, user de dégradations de toutes sortes, obligent les forces de l'ordre à intervenir et à mettre fin au mouvement, attitude difficilement contestable, surtout quand des personnes sont mises en danger. En effet, bien que faire un blocus soit autorisé, car faisant parti de la liberté d'expression, il ne faut pas négliger le fait que toute liberté est régie par la loi. La loi punit les personnes qui auront provoqué certaines infractions tel que les atteintes volontaires à autrui, le vol, le pillage, la destruction ou dégradation d'objets mobiliers ou immobiliers par substance explosive ou incendiaire et selon le principe du "casseur payeur", elle prévoit la possibilité pour l’État de se retourner contre les auteurs des dommages. Aussi, le fait pour une personne de dissimuler volontairement, totalement ou partiellement, son visage afin de ne pas être identifiée est considéré comme un délit puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Finalement, est-il vraiment judicieux de faire acte illégalement de violences, se mettre soi et autrui en danger et risquer des sanctions judiciaires pour défendre des opinions qui ne sauront sûrement pas perçues ou du moins rapidement perdues de vue ?

Enfin, il semble que les lycéens, les gens en général d'ailleurs, se dirigent plus aisément vers la voie de l'agressivité et de la dégradation de biens, pour lutter pour une cause et défendre des idées, que vers celle de la non-violence et du mouvement pacifique. Pourtant, dans l'Histoire, ce n'est les manières de lutter pacifiquement qui manquent, quand on connaît le succès des actions de Martin Luther King, Gandhi ou encore Nelson Mandela qui se sont acharnés à défendre les droits sociaux en usant d'une politique strictement non belliqueuse. Pour exprimer leur mécontentement, les gens deviennent de plus en plus brutaux alors qu'ils ont tous les moyens pour faire des rassemblements de masse, pour communiquer et prendre efficacement la parole afin de faire passer des revendications, nous disposons de mille moyens pour légalement exprimer nos opinions. Faire le blocus d'un lycée ne nécessite pas l'incendie de conteneurs à poubelles et d'extincteurs, la mise en danger d'autrui mais si on cherche un peu dans les manières d'agir de non-violemment, le sit-in, l'accumulation d'objets – non volés – à l'entrée d'établissement, blocage par chaîne humaine. En fait, un blocus nécessite plus de l'homogénéité et de l'organisation, surtout pour une protestation qui concerne des centaines de milliers d'élèves.

Cependant, on ne peut négliger le fait que malgré les diverses manifestations pacifiques qui se passent déjà, par exemple celles qui se déroulent à travers le monde entier pour que les gouvernements s'intéressent plus sérieusement au réchauffement climatique, concrètement rien n'a encore été mis en place pour que des décisions soient prises et que les choses changent. Quelles solutions nous reste t-il alors ? Sommes-nous encore en position de changer, par des actions légales, une décision ou une politique gouvernementale dans un pays se disant tout de même démocratique ?

C'est ainsi qu'aujourd'hui, nombreuses sont les personnes qui se tournent vers la désobéissance civile. Le mouvement international social écologiste Extinction Rebellion le revendique et s'appuie sur des actions non violentes auxquelles nous devons nous intéresser bien qu'ils ne soient intentionnellement pas médiatisés puisqu'ils dérangent efficacement le système.

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